L’ÉCONOMIE POLITIQUE DES EMBOUTEILLAGES: CAS DU CAMEROUN

Nous sommes le 29 Mars 2017, il est 18h30 heure du Cameroun. Pour me déplacer de Hôpital Général à un lieu qui s’appelle Omnisports (moins de 8 km) je perds 1h45 min dans un taxi. Au retour c’est la même chose. Bilan: 4h d’embouteillages durant cette soirée. Et par conséquent, un contrat d’affaire manqué! Voilà le prétexte de cet article!

I. De la théorie

J’ai lu quelque part sur internet, qu’on peut établir une corrélation positive entre la croissance économique et le taux d’embouteillage dans une économie. Ce travail n’est pas bien sûr de moi mais d’une puissante firme basée aux USA et qui se nomme: INRIX. Cette société récolte des données sur les routes et autoroutes à travers le monde et conclue que progression du trafic automobile donne des informations sur la vitalité économique d’une région.

Dans une étude datée de 2013, cette compagnie montre que les pays qui enregistrent le plus d’augmentation de trafic, comme l’Irlande et les États-Unis, ont des perspectives de croissance positive, certes modestes. En approximant la circulation notamment par le nombre de personnes qui se rendent au travail et les livraisons effectuées, la société INRIX conclue qu’il n’est donc pas surprenant qu’une augmentation de la congestion soit le signe d’un rebond de l’économie.

Cependant, dans une autre étude réalisée en France, en 2016, sur l’évolution du coût des embouteillages, la même entreprise conclue que: « chaque jour, 46 millions d’euros partent ainsi en fumée, et on prévoit une augmentation de 30 % dans les quinze prochaines années, la facture atteignant 22 milliards d’euros en 2030« .  Ce constat est assez cinglant au regard des coûts directs et indirects des bouchons sur l’économie : carburant gaspillé, usure accrue des véhicules et heures de production perdues par les entreprises.

II. À la réalité

Peut-on penser à un impact vertueux des embouteillages pour le Cameroun? Malin celui qui pourrait répondre à cette question car les embouteillages se vivent le plus dans les grandes agglomérations comme Douala, Yaoundé et Bafoussam.

Ces embouteillages sont-ils le témoin d’un dynamise local? Oui si on s’en tient au nombre de personnes qui arpentent les rues chaque soir à partir de 17heures. Par contre, en observant la situation actuelle de l’économie (7% de taux de croissance au dernier trimestre 2016) on ne pourrait pas les associer à un rebond de l’économie. En effet, la croissance camerounaise est plus portée par les matières premières (cacao, pétrole, bois, hévéa, banane) même si les infrastructures contribuent de manière positive et non significative à ce processus de croissance économique.

Mon observation quotidienne m’a permis de comprendre que:

(i) Les embouteillages à Douala, Yaoundé et Bafoussam sont le résultats d’une  planification urbaine limitée voire inexistante. Ces villes n’ont pas été ou ont été peu pensées au départ. Des générations spontanées de quartiers ont vu le jour suite aux phénomènes de l’exode rural. On se demande bien ce que faisaient les Communautés Urbaines respectives à cette période?

(ii) Les embouteillages à Douala, Yaoundé et Bafoussam sont la conséquence d’un système commercial libéral outrancier. En effet, la libéralisation des échanges a fait entrer beaucoup de véhicules importés (de seconde troisième main) qui sont devenus moins cher à l’achat mais coûteux pour l’économie. Chacun veut acheter une voiture. Mais avant, pensez aux coûts directs et indirects évoqués ci-dessus.

(iii) Les embouteillages à Douala, Yaoundé et Bafoussam sont le signe d’un système productif et d’industrialisation non encore efficace. Les initiés sauront que je parle, à ce niveau, de l’absence du plein-emploi dans l’économie camerounaise. J’ai souvent été choqué de voir que le principal centre des affaires national (Akwa à Douala) se vide à partir de 16heures. C’est vraiment étonnant si l’on veut être émergent et rattraper la Chine, l’Inde ou l’Indonésie. Un centre d’affaires ne se vide pas comme ça: Au même moment! Où est passé la loi du 8*3 = 24 heures? C’est à dire 3 équipes qui travaillent 8heures par jour chacune. En se vidant au même moment, il y a un surplus de voitures qui ne peut être résorbé que par les embouteillages. Je rêve alors de voir « Akwa by Night » ressembler au « Tokyo by Night » que je visiterai un jour; c’est sûr!

III. Pour des solutions

En tant que Analyste Économiste , voici les politiques que je désire voir pour réduire ce phénomène:
1. Construire plus de routes (nouvelles routes) et aménager celles existantes.
2. Créer des parking publics et subventionner ceux qui n’utilisent pas 3 fois sur 7 leurs voitures et qui prennent des transports en commun dans les grandes agglomérations.
3. Mettre en place un mécanisme de circulation alternée dans les grandes agglomérations.
4. Encourager l’usage et la pratique du vélo et créer des voies de tramways.
5. Animer des campagnes de sensibilisation et d’éducation sur la réalité des embouteillages.
Au total, décongestionner les routes est une priorité dans les années à venir au Cameroun. Il faut dire que « si nous ne réagissons pas dès maintenant, la saturation des axes routiers aura de très graves conséquences pour l’économie du pays, les entreprises et les citoyens », comme estimait dans le cas de la France, Matt Simmons, directeur de la filiale Europe d’INRIX.
  • Je me nomme Ulrich D’POLA KAMDEM
  • Je suis Economiste-Banquier, Monétariste et Eudémoniste
  • Et, je ne veux plus perdre des contrats à cause des embouteillages

 

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